Dossier : Le difficile marché des flottes automobiles

    automobile voiture
    automobile voiture

    La ligne des flottes auto a été affectée ces dernières années. Marché concurrentiel, sinistralité stable, au mieux, voire en hausse, ont durablement fait plonger les résultats techniques des assureurs. La pression tarifaire, le contexte de taxe ont pu pousser les entreprises vers des techniques d’auto-assurance. Au milieu de tout ça, le service sera-t-elle la bouée de l’assurance des flottes auto ?

    Après des années de baisse, la ligne « flottes auto » du marché des grands risques semble retrouver des couleurs, avec des augmentations progressives de tarifs amorcées en 2008. Néanmoins, peut-on parler d’un bon risque ? Rien n’est moins sûr. Les résultats techniques sont toujours dégradés, les sinistres corporels devenant de plus en plus coûteux et n’étant pas comblés par la baisse de la fréquence.

    « Nous sommes clairement dans un retour du marché à un cycle haussier » pour Simon Kay, directeur de la branche flotte auto chez Axa Corporate Solutions. « Les augmentations tarifaires tournent en moyenne autour de 4-5%. »
    La hausse s’est faite progressivement, point par point. Une nécessité pour rétablir les ratios combinés de ces branches toujours actuellement au-dessus des 100.
    « Depuis 2004, notre ratio combiné diminue, mais il n’est toujours pas au-dessous de 100 » reconnaît Simon Kay.

    Le relèvement tarifaire est maintenant établi, à la différence des années précédentes pendant lesquelles quelques uns se permettaient encore de tirer les prix vers le bas. « Le marché se redresse sur les grands risques, notamment sur les risques déséquilibrés » explique Laurent Nicolet, directeur de la branche flotte auto chez Siaci Saint Honoré. « Les assureurs ont eu tendance, fin 2011, à inverser la vapeur et à redresser leurs résultats techniques ».

    Dès lors, pour faire accepter ces hausses de tarifs, il faut employer différents moyens. « La première solution est d’optimiser les budgets. Sinon, nous ne transférons que les sinistres importants chez l’assureur par un jeu de franchises. Dernier levier, nous pouvons travailler sur la prévention » confie-t-il. La prévention trouve actuellement un intérêt chez les clients qui en profitent pour former à l’éco-conduite et tentent de faire baisser la consommation.

    Le marché, très compétitif, oblige les assureurs et les courtiers à se différencier par rapport à la concurrence, d’autant plus quand il faut faire accepter un relèvement de tarif. « Il faut être un peu astucieux. L’enjeu est de se différencier par rapport à la concurrence. Avec une prestation de service, ou un montage en assurance un peu différent de celui du voisin, nous pouvons appliquer un taux plus en ligne avec nos objectifs » détaille Simon Kay.

    De là à accepter un client seulement sur ce segment ? « A partir du moment où nous travaillons ensemble avec le client pour rentabiliser l’affaire sur la durée, oui. Il faut qu’il y ait une véritable envie chez les clients, chez le courtier et même chez nous de trouver une solution, de ‘risk manager’ sa flotte, oui », ajoute Simon Kay.

    La philosophie, à long terme, s’appuie sur le risk management. Une démarche prévention donne ses premiers résultats en 18 mois, et montre une baisse de la fréquence des sinistres de 15% dès la première année.

    Pourtant, en matière de grands risques, les souscripteurs sont rares. « Des assureurs de taille moyenne ne veulent pas déséquilibrer leurs portefeuilles en souscrivant des flottes de plusieurs dizaines de milliers de véhicules » explique Laurent Nicolet. « Quand on regarde les résultats techniques, on s’aperçoit que les grands programmes sont aussi très souvent optimisés. Ils nécessitent des souvent des montages de gestion spécifique et impliquent donc une très grande délégation auprès du courtier. »

    Le parc de véhicule entreprises par rapport à celui des véhicules particuliers est également moins important. Surtout, depuis très longtemps, le marché vit avec la spécificité d’une auto-assurance très répandue dans les grandes flottes, principalement en dommage.

    « Pour un certains nombre de propriétaires de flotte qui avaient des résultats compliqués en matière de sinistralité, le marché est de plus en plus tendus et c’est pourquoi certains peuvent se poser la question de l’auto-assurance aujourd’hui » détaille Philippe Fauqueux, qui a participé à la rédaction du cahier technique de l’Amrae sur le sujet de l’auto-assurance des flottes automobiles.
    « Nous voyons des petites entreprises qui aimeraient faire de l’auto-assurance, surtout qu’elles ont un faible ratio de sinistralité, et des très grandes entreprises, surtout dans le secteur du transport public de voyageurs (TPV) ou du transport public de marchandises (TPM), qui ne peuvent se placer qu’en acceptant une grosse franchise gérée en RC et qui sont quasi contraints à de l’auto-assurance » ajoute Bernard Groshtern, qui a également participé à la rédaction du cahier technique pour l’Amrae.

    Assureurs et courtiers, pour accompagner leurs clients, participent à ces montages. Mais le nombre d’assureurs capables de suivre de tels montages est de plus en plus faible « il y a de moins en moins de monde sur les montages complexes en auto-assurance » relève Philippe Fauqueux.

    L’auto-assurance permet surtout d’éviter les taxes et ainsi de réaliser des économies. Courtiers comme assureurs mettent en place des structures d’accompagnement en auto-assurance, pour aider les client, en matière de conseil, de gestion de sinistres ou autres.
    L’assurance, qui se voit de plus en plus dans le domaine des grands risques, comme une société de service et de conseil, pourrait trouver là un nouveau souffle à sa présence sur les marchés des flottes auto.

    Que pensez-vous du sujet ?