Dossier Développement Durable : Intégrer le développement durable en interne

    Avoir une démarche responsable pour un assureur implique des efforts à la fois en interne et vers les clients. Quand la responsabilité est l’un des fondamentaux de l’entreprise, la pression devient plus forte.

    « Notre structure a été créée il y a quatre ans. Il a fallu que l’on convainque les métiers traditionnels que le développement durable avait une utilité sociale et un impact positif en terme de développement de la mutuelle. Être une entreprise responsable et vertueuse peut attirer le consommateur aujourd’hui » décrit Jean-Pierre Frizzi, responsable développement durable à la Maif.

    Plus qu’une démarche, le développement durable doit être un enjeu intégré à tous les niveaux d’une entreprise. Pour la Maif, comme pour d’autres assureurs, la difficulté est de faire accepter par tous ces nouvelles contraintes. En effet, quand les thèmes de l’environnement, de la responsabilité sociale et de la prise en considération de l’environnement au sens très large sont apparus dans les sociétés, beaucoup n’y ont vu qu’une marotte de la direction, un coup de pub ou au mieux une lubie.

    « Pour une entreprise comme la nôtre, avoir une démarche développement durable c’est avoir une démarche de responsabilité qui part de la gouvernance, de l’organisation, du dialogue que l’entreprise peut conduire avec les parties prenantes internes ou externes et agir sur les trois grandes dimensions : économique, sociale et environnementale » réagit Jean-Pierre Frizzi. Le message de l’assureur ne peut en effet être accepté par les clients que si les valeurs défendues commercialement sont également des valeurs portées et appliquées en interne, à tous les niveaux.

    Dans l’assurance, il existe différents leviers que révèlent Jean-Pierre Frizzi. « De notre point de vue, on peut agir sur trois domaines. Il faut d’abord montrer l’exemple pour être acteur vers l’extérieur. Nous essayons d’avoir une démarche de responsabilité sociale globale qui soit vertueuse. Par exemple avec l’évaluation de l’émission de gaz à effet de serre, la mise en place de plan d’action pour contrôler notre impact écologique, la réalisation d’un bilan carbone. Ensuite, nous devons avoir un comportement responsable envers et avec les salariés. Enfin, nous intégrons dans la conception de nos produits et nos services, marchands ou non marchands, les enjeux de développement durable. »

    L’environnement plus “visible”

    En interne, les habitudes n’ont pas été bouleversées, mais certaines choses ont changé, notamment dans la conception des produits. A la Maif, le responsable développement durable n’hésite pas à parler de « co-construction » des produits avec l’apport de « l’expertise » du service, consulté par le marketing : « le service marketing créé le produit et vient nous demander en tant qu’expert RSE si les solutions qu’ils imaginent sont cohérentes avec la démarche globale. Nous ‘co-construisons’ ensemble la partie des produits qui peut avoir une dimension de responsabilité sociale ou de développement durable. Maintenant, cette démarche est assez systématique. »

    De fait, l’engagement responsable de l’assureur rejaillit alors sur les assurés via les produits mais également par les indemnisations. L’action sur l’environnement est la partie la plus visible et peut-être la plus facile à mettre en place. Ainsi, la gestion des catastrophes naturelles se fait de plus en plus avec un travail en amont sur la prévention des risques et en aval, avec des reconstructions responsables et des travaux sur l’impact social de ces catastrophes.

    L’environnement est également, en interne, le message le plus facile à faire passer.
    « La partie environnementale est la plus simple à illustrer » confirme Jean-Pierre Frizzi. « En 2005, nous avions réalisé un bilan carbone partiel qui avait révélé que nous étions dans la fourchette en émission de gaz à effet de serre en nous comparant à des entreprises similaires. L’auditeur externe et l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, ndlr) nous avaient fait remarquer que nous n’avions pas une démarche interne bien structurée. En 2007, nous avons créé un réseau de 240 relais ‘développement durable’ dans tous les services et les lieux de la mutuelle. Ce sont soit des salariés, soit des mandataires mutualistes qui mettent en œuvre des actions dans leur milieu professionnel. Ce sont par exemple des actions pour inciter aux économies d’énergie, aux économies de papier, une communication autour du développement durable. »

    La Maif a ainsi pu réaliser, avec la collaboration des salariés, des économies d’énergie et de papier notamment. « Nous avons mis en place un ‘traçage’ de nos consommations d’électricité et de papier avec des objectifs. En 2007, l’objectif était de diminuer de 3% ces consommations et nous avons fait des économies d’un peu moins de 10%. »
    Surtout, un état d’esprit est né. « Beaucoup d’acteurs de l’entreprise se sentent concernés et impliqués par l’environnement avec, également, tout ce qui touche à la prise en compte des situations de handicap, que nous incluons dans les travaux de développement durable. Dans notre rapport ‘développement durable’ annuel, nous mettons l’accent sur le fait que nous ne vivons pas dans une bulle et que l’environnement social et économique est à prendre en considération, dans une attitude vertueuse » conclut Jean-Pierre Frizzi.

    Difficile néanmoins d’établir un budget. En tout cas, la Maif ne communique guère sur le sujet. Si la somme de 800.000 euros est avancée pour financer les travaux annuels du service, l’entreprise dispose de budgets métiers corrolés à la démarche de responsabilité sociétale d’entreprise. En effet, pour favoriser l’implantation de la démarche développement durable, une partie des budgets est affectée directement dans les différents métiers, ce qui permet une considération systématique des enjeux.

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