Dossier Crise : « Les assureurs français ont été touchés en tant qu’investisseurs principalement », Lofti Elbarhdadi de Standard and Poor’s

    Les agences de notations financières ont observé attentivement les évolutions des assureurs dans cette année de crise. Touchés dans leur solvabilité et leurs fonds propres, notamment du fait de la chute des marchés, les assureurs français ont toutefois résisté.
    Lotfi Elbarhdadi, directeur groupe assurance France chez Standard and Poor’s, est revenu sur cette année de crise pour news-assurances pro.

    « L’entrée des marchés financiers dans la crise a commencé fin 2007. Les compagnies ont vu peu à peu leur couverture de fonds propres diminuer, passant parfois de 2,5 ou 2 fois leur besoin à 1,5 ou presque 1 fois » rappelle Lotfi Elbarhdadi, directeur groupe assurance France chez Standard and Poor’s, agence de notation qui suit une quarantaine d’assureurs français.

    Ainsi, les résultats financiers des assureurs français, présentés au cours du premier trimestre 2009, ne sont pas bons. Les chutes marquées des résultats nets sont surtout dues aux replis des marchés financiers qui ont mécaniquement atténués les plus values latentes. « Les assureurs français ont été touchés en tant qu’investisseurs principalement » résume ainsi Lotfi Elbarhdadi.

    Mais le bilan n’est pas catastrophique, car « la couverture des engagements est réglementée. Les compagnies n’ont pas ou peu d’investissements en devises étrangères et les assureurs français étaient peu exposés aux actifs dits « toxiques ». Ils investissent habituellement plutôt sur les marchés français et européens » ajoute-t-il, ce qui les exposent moins à la crise, « à part les groupes possédant des filiales, notamment aux États-Unis. »

    Concurrence accrue et solvabilité

    Un second risque apparaît rapidement pour les analystes. « Il existait un autre risque, lié à la liquidité des placements, en cas de rachats massifs pour les assureurs vie. De fait, les compagnies françaises ont généralement augmenté leurs trésoreries et actifs liquides à court terme » rappelle-t-il. Surtout qu’on observe alors « une collecte nette mensuelle négative en octobre et décembre, due notamment à la concurrence des produits d’épargne bancaire à court terme (type livret A, ndlr).  Il y a alors eu une vraie crainte que cette tendance persiste. »

    Face à la crise, les assureurs répondent différemment. C’est alors du cas par cas. « Fin 2008, la politique de participation aux bénéfices a été différente selon les assureurs. » confirme Lotfi Elbarhdadi. « Certains ont ainsi alloué des taux relativement élevés en les finançant par des reprises de provisions pour participation aux excédents. Ceci a eu pour impact d’accroître les engagements et de peser plus sur la solvabilité. »

    Et le retour à des taux de collecte positifs ces derniers mois en assurance vie n’est pas forcément un signe de solidité. Standard and Poor’s point du doigt la concurrence : « un risque subsiste provenant de la concurrence entre assureurs proposant des taux garantis élevés, étant donné que la reprise de la collecte s’oriente essentiellement sur des produits d’épargne garantie, mais la concurrence accrue sur les taux garantis dans un contexte financier difficile, risque, in fine, de peser sur la solvabilité et éventuellement, les niveaux de notes des assureurs à orientation vie ».

    Retrouvez la suite de cet entretien lundi matin :
    « A notre avis, les événements de 2008 auront un impact non négligeable sur les décisions stratégiques des assureurs français »

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