Des taux dans le creux de la vague

    Alors que la crise de la dette souveraine, intensifiée ces derniers jours par la perte du triple A de la France, remet en cause la construction même de la zone euro, l’assurance vie, radeau de fortune dans la tempête, voit ses taux couler.

    Le secteur vie de l’assurance respire au rythme des annonces des taux servis au titre de 2011 pour les fonds en euros qui scandent ce début d’année. Sans surprise, les assureurs confirment des rendements qui avoisinent les 3%.  Pour rappel, les rendements des fonds en euros des contrats en 2010 détenaient une performance moyenne qui si situaient entre 3,20% et 3,40%. Ils étaient de
    3,70% en 2009 et de 4,00% en 2008. La courbe fléchit donc clairement.

    Si chacun souligne avoir limité la casse en cette période de conjoncture difficile, tous annoncent bien des baisses par rapport à l’année précédente. Méchamment pour certains tels que MAAF (0,91 point), MMA ou GMF (0,70) tandis que d’autres amortissent la chute, tels que l’Afer, qui à 3,43%, affiche une baisse de 0 ,09 point.

    La Carac fait figure d’exception avec un taux qui à 3,90% ne bouge pas par rapport à 2010, en baisse de 0,35 point par rapport à 2009. Mutavie ne bouge pas non plus sur son contrat Madelin à 3,15% (3,70 en 2009). Le meilleur rendement est pour l’instant servi par la MIF, à 4,05%, en baisse de 0,20 point tandis que la MACSF affiche aussi un bon taux à 3,65%.

    Axa, premier à s’être lancé dans l’arène en annonçant des taux en novembre donne le la. En plein dans la moyenne, la compagnie rémunère le fonds euros de ses contrats à 3%, soit -0,30 point.

    Des portefeuilles en baisse depuis deux décennies

    Des performances en baisse qui font suite à la faiblesse des taux obligataires ainsi qu’à la crise des dettes souveraines. Des performances qui surtout étaient attendues puisque les taux des obligations d’état qui composent les portefeuilles sont en baisse depuis deux décennies. Fitch avait d’ailleurs abaissé la note de la perspective du secteur en octobre.

    Il y a 20 ans, la dette d’état rapportait 12%. Aujourd’hui elle n’en rapporte plus que 3%. Et la volatilité des marchés financiers n’a pas aidé, engendrant une perte des provisions qui vient encore diminuer les bénéfices. Solvabilité II n’y est pas pour rien non plus et les taux de rendements vont se rapprocher de la moyenne des actions.

    Pour ne rien arranger, alors que l’épée de Damoclès pesait depuis un certain temps, le couperet est tombé vendredi. Standard & Poor’s a dégradé la note de la France qui a perdu son triple A. Si l’assurance-vie représente trois quarts de la dette française, pour l’instant, pas de hausse des taux sur les marchés toutefois.

    « La dégradation de la note française n’est pas une surprise »

    « La dégradation de la note française n’est pas une surprise tant elle était attendue et largement anticipée par les marchés financiers » selon Philippe Jean Dit Berthelot, président du directoire de Mutavie à la MACIF. « Une  grande  partie  des  actifs  des assureurs-vie  étant  investie dans les obligations d’Etats européens, en cas de hausse, la qualité de leurs actifs pourrait s’en trouver amoindrie. Mais rappelons-le : cette hausse des taux reste hypothétique. »

    Et pour 2012, la plupart des assureurs tables sur une remontée des taux obligataires. Les taux de rendement des portefeuille devraient donc être maintenus et même augmenter. Surtout, l’inflation devrait fléchir. Le différentiel entre le taux de rendement et l’inflation augmentera alors et les contrats d’assurance-vie deviendront mécaniquement plus compétitifs. Si la zone euro ne s’est pas, comme certains le prédisent, écroulée d’ici là.

    Que pensez-vous du sujet ?