La déception a été forte pour le monde de l’assurance suite à l’échec de la réforme sur la dépendance, engagée par Nicolas Sarkozy. Aujourd’hui, les assureurs attendent beaucoup d’une prochaine loi mais n’y croient plus.
Les assureurs sont lassés. Depuis 2007, tous attendent la grande réforme sur la dépendance qui n’a finalement jamais abouti. Nicolas Sarkozy avait engagé ce grand débat national qui s’est soldé finalement par un échec. Cependant les questions de 2011 sont toujours d’actualité… Comment trouver de nouvelles sources pour financer la perte d’autonomie ? Faut-il privilégier la solidarité nationale aux assurances privées ? Les réponses n’ont pas été trouvées, mais il semblerait que les pouvoirs publics penchent plus pour un large socle de solidarité nationale. François Hollande n’a, semble-t-il, pas oublié le dossier et a même prévu de remettre en route la réforme… Oui mais voilà, la mise en place est très laborieuse pour un sujet qui nécessite une prise de position presque immédiate.
Dans le futur projet de « Loi pour l’autonomie » du gouvernement Hollande, on peut lire : « Le Président de République et le Premier ministre ont pris parti en faveur d’une réforme de société qui embrasse toutes les dimensions de la prise en compte de l’avancée en âge. Ainsi cette réforme comprendra, l’anticipation : par une prévention individuelle et collective, notamment dans le domaine de la santé ; l’adaptation de notre société (il convient de repenser les politiques publiques, en particulier de logement, d’urbanisme et de transports) et l’accompagnement ». Pourtant, ces belles paroles, si elles sont mises en place, ne seront pas discutées avant 2014. Après l’échec cuisant de la réforme prévue en 2011, les assureurs y croient-ils encore ?
Une réforme pour relancer le marché
« Nous sommes fin 2012 et nous ne savons toujours rien concernant les intentions du gouvernement sur la dépendance pourtant elle existe puisqu’il y a plus de 1,2 millions de personnes dépendantes en France », précise Jean-François Ropelewski, directeur marketing AG2R La Mondiale. Si la réforme se fait attendre donc, la dépendance est plus que jamais un sujet de société. Selon une étude de l’Insee, la population de 75 ans et plus sera multipliée par 2,5 entre 2000 et 2040 pour atteindre plus de 10 millions de personnes et en majorité des femmes. Et la population vieillissante inquiète. « Ce que nous attendons à l’OCIRP de cette prochaine loi, c’est de consolider le socle de l’APA et considérer que les complémentaires puissent intervenir dans le cadre du financement de la dépendance. Certains pensent que le financement de la dépendance doit être public et pas assurantiel. Il va falloir que les IP, les assureurs et les mutuelles démontrent qu’ils ont un vrai rôle à jouer. Pour cela, il va falloir convaincre des hommes et des femmes politiques, » commente Jean-Manuel Kupiec, directeur général adjoint de l’OCIRP. De plus, une prise de position des pouvoirs publics pourrait relancer le marché.
Stéphanie Pastor, actuaire et manager chez Optimind Winter, pense qu’une fois la réforme mise en place, les Français seraient plus enclins à souscrire. « Le marché stagne car les Français attendent de savoir ce qu’il va sortir de cette réforme. Il y avait un taux de personnes couverte de plus de 10% avant 2006 et sur les dernières années, nous sommes sur un petit 5%. L’attentisme du résultat de la réforme est un point bloquant sur le développement du marché. »
La balle est donc dans le camp du gouvernement le seul à pouvoir débloquer une situation en stand by depuis trop longtemps. Les assureurs, de leur côté, ont tout mis en œuvre pour pouvoir sortir de cette torpeur. Le changement, c’est maintenant qu’il disait … En ce qui concerne la dépendance, ce ne sera pas avant 2014.
