Dépendance : Les assureurs doivent-ils encore compter sur les pouvoirs publics ?

    En France, les personnes âgées de plus de 75 ans, qui étaient 5,7 millions en 2012, seront deux fois plus nombreux en 2060. Et le nombre des plus de 85 ans va passer de 1,4 million à 4,8 millions en 2050. Et comme l’espérance vie augmente chaque année sans que l’espérance de vie en bonne santé s’améliore autant, la dépendance est un sujet de société majeur.

    Il y a tout juste dix ans, en mai 2005, était mise en place la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), qui finance les aides publiques en faveur des personnes dépendantes et des personnes handicapées. Depuis, les assureurs attendent qu’un cadre favorable au développement de l’assurance dépendance privée vienne compléter le dispositif public, réputé être insuffisant pour financer le véritable coût de la dépendance. Incitation fiscale, transformation de l’assurance vie en garantie dépendance, partenariat public privé,… En dix ans, l’industrie a essayé de faire preuve d’imagination pour trouver un schéma qui recueille les suffrages des gouvernements successifs. Sans succès.

    Car le texte sur la dépendance, maintes fois annoncé et maintes fois repoussé, est cette fois bien sur les rails. La loi « d’adaptation de la société au vieillissement » a été adoptée en septembre dernier en première lecture par les députés, votée six mois plus tard au Sénat, et doit repasser à l’Assemblée Nationale en juillet pour adoption définitive.

    « Le gouvernement a tenu son objectif en matière de politique du vieillissement consistant à mobiliser l’ensemble des politiques publiques pour donner les moyens aux personnes âgées d’être actrices de leurs parcours et changer le regard sur la vieillesse » se sont félicitées en mars dernier la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine et la secrétaire d’Etat chargée de l’Autonomie et des Personnes âgées Laurence Rossignol. Le hic ? Pas grand-chose dans ce texte, à part une revalorisation de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) à domicile. Rien sur les personnes en établissements par exemple. Et rien sur l’assurance.

    Selon le baromètre 2014 de l’Organisme commun des institutions de rente et de prévoyance (Ocirp), publié au printemps, six Français sur dix seraient favorables à un financement mixte de la prise en charge de la perte d’autonomie. C’est bien, mais les assureurs ne doivent compter que sur eux-mêmes pour les convaincre à souscrire un contrat.

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