Assurance-vie : retour à la normale ?

    Hausse de la collecte sur les unités de compte, stabilisation des rachats et baisse des taux modérés renvoient à une configuration du business d’avant crise financière.

    Les assureurs ont crié au loup une bonne partie de l’année 2015 au vu des taux d’intérêt très bas : l’OAT 10 ans est encore aujourd’hui inférieur à 1% et a atteint un plus-bas historique à 0,3% en avril 2015. Pourtant, en prenant en compte ce facteur conjoncturel gênant pour la rémunération des actifs et les mises en garde du gouverneur de la Banque de France sur la nécessité de modérer les ardeurs concurrentielles sur les taux de rendement, ces derniers restent attractifs.

    La Fédération française de l’assurance (FFA) relève ainsi un taux moyen de rendement 2015 de 2,3% (contre 2,5% en 2014). Aux deux extrêmes se retrouvent des contrats comme ACMN Opale (1%) ou Confluence de Predica (1,25%), et des contrats qui ciblent des clientèles de niche ou patrimoniale (4,11% pour le Plan Eparmil version épargne handicap d’AGPM, 4% pour Sérénipierre de Primonial).

    Comparaisons flatteuses

    « La lecture des taux de rendement devient de plus en plus difficile pour l’épargnant, car il peut désormais y avoir des écarts importants, de 0,5% à 0,6%, entre les contrats d’une même compagnie », nuance Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne.

    La comparaison avec les autres produits d’épargne est en tous cas flatteuse : le PEL sert 2% en moyenne annuelle et le livret A comme le LDD ont dévissé à 0,75% depuis août 2015. « Les ménages ont vu leur pouvoir d’achat augmenter, du fait notamment de la baisse des prix de l’énergie, et ont réparti ces gains entre consommation et épargne. Le taux d’épargne est remonté à 15,5% du revenu disponible brut au 3e trimestre 2015, ce qui a favorisé l’assurance-vie et l’épargne logement. On peut donc observer une sorte de retour à la normale, avec un dégonflement de l’épargne de précaution et une réallocation vers l’épargne longue », observe Philippe Crevel.

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    Flatteuse aussi est la moyenne des rendements retraitée de l’inflation (proche de zéro en 2015). Un facteur que n’ont pas manqué de mettre en avant de nombreux assureurs lors de la présentation de leurs taux, pour faire oublier que la grande majorité des contrats en euros est passée sous la barre des 3%.

    La prudence est de mise

    Dans ce contexte de taux bas, reste que les assureurs protègent leurs arrières, en poussent les épargnants à revenir sur les unités de compte. La collecte nette de l’assurance-vie s’élève ainsi à 24,6 Md€ en 2015 selon la FFA, dont 13Md€ en unités de compte et 11Md€ sur les supports euros. La collecte nette sur les UC a donc quasiment doublé en un an. « Il existe une véritable volonté de la part des assureurs qui disposent d’un fonds en euros classique et d’un fonds en euros dynamique, de maintenir l’attractivité sur ce dernier et de rester prudent sur le fonds classique. Ce qui fonctionne plutôt bien puisque la part de la collecte sur les UC augmente », constate Edouard Michot, président d’Assurancevie.com.

    La diversification est également de mise, pour booster les rendements, comme les marges de solvabilité. Les fonds spécialisés dans l’immobilier ou les PME ont notamment la cote. C’est par exemple le cas de l’AFER : « Le portefeuille du fonds général et des unités de compte a été recomposé pour avoir une meilleure performance globale et donner une finalité citoyenne à l’assurance-vie via l’investissement dans les PME », affirme Gérard Bekerman, son président. La prudence est donc de mise, au cas où les taux d’intérêt resteraient à un niveau bas encore plusieurs mois (ou remonteraient brutalement) et où la tendance des rachats s’inverserait. Chat échaudé…

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