Assurance santé, vers plus de services ?

    Pour se différencier dans un contexte où les contrats d’assurance vont contenir des garanties de plus en plus standardisées et retrouver des marges de manœuvre sur leurs tarifs, les assureurs pourraient miser davantage sur les prestations de services.

    Le remboursement des lunettes fera–t-il encore partie des garanties du contrat d’assurance complémentaire santé demain ? Certains assureurs ou mutuelles réfléchissent déjà à la manière de substituer la prestation d’assurance en optique par une prestation de service. Le tarif du contrat d’assurance pourrait alors être réduit. Car l’un des problèmes majeurs des assureurs – et des assurés- en matière de santé, c’est le prix. “Après des années de hausse des tarifs en assurance complémentaire santé, nous approchons le seuil du supportable pour les clients“, estime Stéphane Arbus, directeur associé du cabinet conseil Solucom.  La solution pourrait être de facturer lorsque le client utilise le service (en l’occurrence acheter ses lunettes chez un opticien agréé) plutôt que de payer la garantie à l’avance. Une démarche qui serait d’autant plus légitime que “en optique, il n’y a pratiquement pas d’aléas” estime le dirigeant d’une grande mutuelle. Tout le monde est atteint de presbytie à partir de la quarantaine justifie-t-il et un patient atteint d’une pathologie (par exemple la myopie) est certain de renouveler son équipement régulièrement. Pour autant, aucun assureur du marché n’a encore franchi ce pas qui bouleverserait le modèle économique de la complémentaire santé.

    Mais le consultant Stéphane Arbus n’en démord pas, “les services seront un moyen pour les assureurs de se différencier dans l’avenir“. Les contrats d’assurance santé risquent en effet bientôt de tous se ressembler. Les complémentaire des salariés devront correspondre à un panier de soins selon l’Accord national interprofessionnel (ANI) de janvier 2013 et la future définition des contrats dits “responsables” annoncée par la ministre Marisol Touraine pour début en 2014 pourrait, elle aussi, imposer un panier de garanties. Deux solutions pour les assureurs pour tirer leur épingle du jeu : proposer des sur-complémentaires avec des garanties additionnelles selon les besoins.

    Une voie qu’ils ont commencé à explorer avec des contrats très modulables presque “sur-mesure” du fait de leurs multiples options (comme Composio d’Allianz ou Santé Actif d’AG2R par exemple). Mais cette démarche peut se heurter à la limite du prix acceptable par les Français dont le pouvoir d’achat est sous pression. Autre solution : proposer des services payable à l’utilisation en élargissant le rôle des réseaux de santé (Santéclair, Kalivia, Itelis notamment). Ils pourraient par exemple intervenir davantage dans l’organisation des parcours de santé et dans l’orientation des patients pour les pathologies graves ou innover dans la prise en charge dessoins grâce à la télémédecine. “Ce serait un changement de métier. Mais les assureurs auraient la légitimité de se positionner comme offreur de soins“, affirme Stéphane Arbus. Reste que les complémentaires santé ont encore du chemin à parcourir pour parvenir à être perçues comme un acteur de santé à part entière et plus seulement comme un financeur.

    Marie Serrat

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