ANI : Les acteurs du marché de l’assurance santé affûtent leurs armes

    Le projet de l’ANI (Accord national interprofessionnel) qui va rendre obligatoire la complémentaire santé pour les salariés au plus tard au 1er janvier 2016, va dynamiser ce secteur et redistribuer les parts de marché entre les acteurs. Avec environ 700.000 TPE non équipées, soit environ 4 millions de salariés, auxquels s’ajoutent les ayants-droits, le potentiel de ce marché est conséquent.

    Tous les intervenants majeurs du marché sont dans les starting-blocks pour proposer leur offre santé dans le cadre de l’ANI. Une fois que les décrets relatifs au contrat responsable seront publiés, la réactivité des intervenants sera déterminante pour tirer son épingle du jeu.
    C’est une course de vitesse qui est en train de s’engager“, indique Laurent Ouazana, directeur général de Ciprés Vie et secrétaire général du Syndicat 10, regroupant les courtiers grossistes. “Au-delà des acteurs traditionnels, de nouveaux intervenants se positionnent sur ce marché de la « petite collective », en transformant leur business model et en formant leurs équipes. Autre tendance, la généralisation des sur-complémentaires dans les entreprises alors que les nouvelles modalités des contrats responsables sont attendues.”
    Concernant les sur-complémentaires, près de 50% des Français pourraient y avoir recours pour augmenter leur niveau de remboursement, indique un Baromètre Deloitte-Ifop publié en mars 2014.

    Le courtier grossiste April se tient prêt pour proposer ses offres compatibles ANI. “Nous agissons dans un cadre qui reste extrêmement confus, le cahier des charges des contrats responsables n’étant pas encore élaboré. De plus, il est très probable que le gouvernement reporte les dates fixées concernant la généralisation de la complémentaire santé. Comme tous les acteurs du marché, nous sommes donc contraints à une certaine forme d’attentisme tant que le contenu du panier de base n’aura pas été communiqué par les décrets”, détaille Patrick Petitjean, PDG d’April Prévoyance Santé. “Nous avons beaucoup travaillé sur les socles de garanties. Ce qui sera absolument déterminant, c’est la réactivité.” Les acteurs qui se seront dotés d’applications informatiques performantes auront une longueur d’avance. “Les bases de gestion vont devoir prendre en charge des offres plus complexes qui seront articulées autour de garanties qui seront responsables et d’autres non“, précise Patrick Petitjean.

    Une redistribution complète des parts de marché

    Comme tous les assureurs, Generali se prépare activement. “L’ANI va redistribuer complétement le marché de la santé avec aujourd’hui 4 millions de salariés qui ne sont pas couverts dans le cadre des contrats santé entreprises. Ces salariés sont généralement couverts par des complémentaires individuelles“, détaille Cédric Costes, responsable solutions d’assurances des professionnels et des petites entreprises de Generali France. “Nous sommes prêts pour conquérir ce marché. Nous sommes déjà structurés –avec la mise en place de directions de marché dès 2009 dont l’une est dédiée aux professionnels et aux TPE– pour nous positionner de façon importante.” L’assureur lancera une offre au deuxième trimestre 2014 qui combinera garanties de base et sur-complémentaires optionnelles. “Nous développons un portail et un espace client qui seront accessibles fin 2014. Si l’équipement des entreprises passent par les agents, les courtiers et le réseau salariés, la sur-complémentaire souscrite à titre individuel par le salarié, nécessite une fluidité et une simplicité des process“, ajoute Cédric Costes.

    Vers une simplification des process de souscription

    Autre acteur dynamique sur ce créneau, Ciprés Vie. Le courtier grossiste a mis en place un produit spécifique TPE-PME, comprenant un socle de base “responsable” souscrit par l’entreprise ainsi que des sur-complémentaires individuelles optionnelles pour les salariés. “Ces process vont compliquer la gestion et la vente des garanties. On peut s’attendre à ce que les petites entreprises ne fassent que le strict minimum. D’où l’utilité de mettre en place des procédures de vente simplifiées pour le courtier, d’autant plus que les primes moyennes sont assez faibles”, explique Laurent Ouazana. La société enregistre un montant moyen de cotisation annuel en santé de l’ordre de 1.500 à 1.800 euros pour une famille, de 1.000 à 1.100 euros de prime annuelle en prévoyance.

    Dans le cadre de l’ANI, Ciprés Vie cible particulièrement des secteurs composés de petites structures telles que les cafés-hôtels-restaurants, l’immobilier, la pharmacie, le syntec et les experts comptables. La disparition progressive des clauses de désignations associées à ces branches va conduire à mettre en place des offres spécifiques correspondant au cahier des charges des partenaires sociaux. “Nous n’excluons pas de travailler avec des institutions de prévoyance qui ont été désignées par le passé sur ces secteurs“, précise Laurent Ouazana.

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