ANI : bientôt, la saison 2

    Non, le 1er janvier dernier, toutes les entreprises n’avaient pas souscrit de contrat santé et pour celles qui s’étaient acquittées de leur obligation, l’affiliation des salariés n’était pas forcément effective.

    Cette semaine encore, faisant le bilan de son année 2015, le groupe paritaire Agrica se félicitait que les 15.000 entreprises de la branche de la production agricole se soient massivement assurées auprès de lui comme le suggérait le référencement décidé par les partenaires sociaux, mais les salariés ne sont pas encore affiliés. La saison 1 de l’ANI n’est donc pas terminée, mais déjà, la saison 2 est annoncée.

    « Il va y avoir des réveils douloureux au cours de l’année. Les plafonds de remboursement instaurés par le décret sur les contrats responsables sur les dépassements d’honoraires médicaux (en particulier pour les médecins non signataires du Contrat d’Accès aux Soins) s’appliquent sur les consultations en ville mais également à l’hôpital. Pour une intervention chirurgicale (honoraires du chirurgien et de l’anesthésiste), le dépassement peut atteindre plusieurs centaines d’euros ne pouvant plus être pris en charge, et les salariés ne s’en doutent pas. Certains d’entre eux pourraient donc revenir vers leur employeur en demandant de revoir la couverture à la hausse, ce qui débouchera sans doute la plupart du temps sur la mise en place de surcomplémentaires », explique Yves Trupin, Associé chez Actense.

    « De toutes les discussions que j’ai pu avoir avec des assureurs sur le prix d’équilibre du panier de soins ANI, il ressort que tous sont d’accord pour dire qu’il y a eu dumping chez certains. Des redressements tarifaires sont donc à prévoir », souligne Christophe Triquet, PDG du comparateur MerciHenri.

    « Dans le cadre de la généralisation de la complémentaire santé, l’adaptation des systèmes d’information s’est faite dans la précipitation, et cela a exclu la création de nouveaux services. Par ailleurs, les montages à étages avec socle et options ou sur-complémentaires sont complexes et inédits. Pour ces différentes raisons, il pourrait se dégager une grande insatisfaction de la part du client final qu’est le salarié, alors que tous les acteurs du secteur ont déployé beaucoup d’énergie », ajoute Laurence Al Neimi, manager chez Solucom. Garanties à revoir, tarif qui flambe ou service de niveau insuffisant, de nombreuses entreprises auront à cœur de changer d’assureur.

    Reste à savoir comment les assureurs eux-mêmes vont s’organiser. « Les stratégies sont encore floues. La seule certitude, c’est que tous les acteurs cherchent encore comment chacun va pourvoir capter une partie de la collecte en santé, qu’elle soit collective ou individuelle », indique Christophe Triquet. Et comme personne n’a jusqu’ici constaté de raz-de-marée, personne n’a été conforté dans sa stratégie initiale. Le marché de la reprise des contrats collectifs à la concurrence fera la saison 2, mais les stratégies sur le segment de l’individuel sera aussi déterminante.

    « Sur notre comparateur, nombre de demandes sont encore faites par des salariés. Nous avons mené une étude pour comprendre et constaté que ce n’était pas le fait de curieux qui chercheraient à comparer par rapport à leur mutuelle d’entreprise. Ce sont des personnes ayant de réels besoins car ils ont fait jouer une dispense pour eux-mêmes, ou bien qui cherchent pour leur conjoint ou leurs ayant droit, qui ne sont pas couverts. Cela tend à montrer que le marché de l’individuel, hors les TNS et les retraités, n’est pas encore éteint », détaille Christophe Triquet. « Les assureurs ont travaillé de manière très séquentielle : ils vont maintenant se pencher sur la mise au point de sur-complémentaires », conclut-il.

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