Stratégie : La loi Hamon peut-elle bouleverser la tarification des assurances ?

L’arrivée en milieu d’année de la loi consommation de Benoît Hamon va obliger le secteur de l’assurance à tarifer au plus juste ses contrats, pour conserver sa rentabilité et ses clients. L’autre enjeu semble passer par le web. En effet, pourrait-elle donner un nouvel élan à la transition numérique dans l’assurance ? Le secteur, parti de bien plus loin que l’univers des voyages ou de la banque, comble petit à petit son retard.

La résiliation infra-annuelle des contrats d’assurance auto et habitation, ainsi que des assurances affinitaires, devrait donner un nouvel élan à l’assurance sur internet. Mais sous quelle forme ? “Les comparateurs sont déjà bien installés mais la loi Hamon peut faire venir plus de clients sur ces sites. D’autant que les campagnes de communication permettront le développement à court terme des flux” explique Stéphane Chappellier, associé et responsable du pôle IARD chez Actuaris.

Selon le cabinet de conseil, la loi Hamon est en effet une révolution dans la tarification des produits. Pour les assurés, de nombreuses opportunités vont en effet naître de ces changements réglementaires. D’autant que la loi devrait s’appliquer sur le stock des contrats, et donc permettre à tout assuré présent chez son assureur depuis plus d’un an, de résilier dès la promulgation du texte.

La segmentation fine, rendue obligatoire sur les comparateurs, pourrait donc encore s’affirmer. Sur le cas des différences de tarifs du fait du sexe de l’assuré, mesure retoquée par la cour de justice européenne, l’exemple de segmentation est flagrant. “Sur les comparateurs, en changeant juste le sexe, les prix ne changent pas. Mais ce que l’on constate, c’est que la liste des assureurs qui proposent ces prix est différente pour les hommes et pour les femmes. En clair, ce ne sont pas les mêmes assureurs qui se positionnent. C’est un biais légal” renchérit Stéphane Chappellier.

Un moyen répandu dans la profession pour contourner la loi est dans la tarification du véhicule. En fonction du véhicule renseigné, il devient possible de segmenter avec quasiment la même finesse. La future résiliation à tout moment va imposer une qualité de tarification élevée. Le passage par des dispositifs de vente directe pourrait alléger les coûts d’acquisition, à condition de ne pas passer par les comparateurs. Un contrat transformé par l’assureur avec une prime moyenne de 500 euros, dont 150 euros vont au comparateur, sera difficilement amorti avant quelques années. Alors que si le coût d’acquisition baisse en raison de la notoriété de la marque et de sa capacité à attirer sur son nom, des clients en ligne, la rentabilité sera améliorée.

Dans un environnement concurrentiel sur des produits obligatoires, l’apport du numérique, s’il est indéniable, devra faire ses preuves (voir reportage).

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