Laurent Perret : “Avec EDIconformité, nous entrons dans le vif du sujet”

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Laurent Perret est directeur des opérations d'EDICourtage

INTERVIEW – Alors que la nouvelle solution EDIconformité est opérationnelle depuis quelques semaines sur le marché, Laurent Perret, directeur des opérations de EDICourtage, fait le point sur l’actualité de la société. Entre les 10 ans d’EDImessage, son ouverture aux courtiers grossistes, ou le développement d’EDIsignature, il revient sur les perspectives de développement des différentes plateformes.

La plateforme EDImessage va bientôt fêter ses 10 ans d’existence. Pouvez-vous revenir sur la genèse de ce projet ?

L’histoire et la marque d’EDICourtage date de 1997. A l’époque, les courtiers, par l’intermédiaire de la FCA (Fédération des courtiers d’assurance) avait un besoin de normes d’échanges de données avec les assureurs.

Après s’être appuyé pendant plusieurs années sur des modèles d’échanges belges (Assurnet) par exemple, le syndicat a décidé au début des années 2000 de créer ses propres normes EDI (Electronic Data Interchange). Aidés par l’apparition d’internet, de plus en plus de courtiers – y compris de taille moyenne – demandaient à pouvoir utiliser ces normes d’échanges dans l’ensemble des domaines de leurs business (production, sinistres, comptabilité, etc).

En 2005, sous la houlette de Guillaume Millet (ex-dirigeant de SGB Conseil et ex-président du Getic), le syndicat (devenu CSCA) a donc décidé de créer un guichet unique d’échange de ces normes EDI pour rendre la technologie accessible aux intermédiaires. En parallèle, il a proposé à la FFSA la copropriété de ces normes pour faciliter les échanges communs avec les porteurs de risques.

S’en sont suivi plusieurs années de travaux collaboratifs entre quelques courtiers et assureurs pour créer ces normes jusqu’en 2010, année où la CSCA a investi près de 500.000 euros pour construire la plateforme d’échange de flux EDI et lancer officiellement l’outil sur la place.

Quand avez-vous fait entré des assureurs au capital ?

C’est au lancement de la plateforme EDImessage fin 2010 que le président de la CSCA de l’époque, Dominique Sizes, a décidé d’ouvrir le capital d’EDICourtage aux assureurs.
Après des tests concluants, certains porteurs de risques étaient en effet intéressés à participer à la gouvernance de ce produit de place. Les discussions ont couru entre 2011 et 2014 et, avec l’aide de Jacques Homo (secrétaire général de l’époque), quatre assureurs (Axa, Allianz, Generali, MMA Iard) sont entrés au capital d’EDICourtage au côté de Planète CSCA.

Les porteurs de risque ont ensuite beaucoup communiqué autour du projet qui s’est très vite développé, et il a fallu renforcer les équipes. Depuis, nous avons enregistré une croissance sans discontinuer des échanges.

Quels sont les chiffres clé d’EDImessage en 2020 ?

Début 2020, nous enregistrons 400 courtiers et 15 assureurs utilisateurs de l’outil EDImessage, à raison de 70 nouveaux courtiers et 2 à 3 nouveaux porteurs de risques par an. Côté assureurs, Groupama – et l’ensemble de ses caisses régionales – est par exemple sur le point de nous rejoindre. Côté intermédiaires, l’ensemble du grand courtage utilise notre plateforme, tout comme de nombreux cabinets de taille intermédiaire, des généralistes et environ 250 courtiers de proximité. Au total, nous comptabilisons 5 millions de transactions par an via l’outil, avec une croissance à deux chiffres chaque année.

Toutefois, cette progression constante de nos échanges de flux a été largement freinée par la Covid-19 et notre interrogation concerne désormais l’impact de cette crise pour 2021, notamment chez les intermédiaires. Nous avons bien conscience que la crise aura des impacts forts sur l’économie et engendrera malheureusement des cessations d’activité chez les clients des courtiers par exemple. Comme les flux concernent l’envoi de quittances, de déclarations de sinistres, de remboursement etc, s’il y a moins d’activité, il y aura de fait moins d’échanges. Sur ce point, je pense que nous y verrons plus clair en octobre prochain.

Quelles sont vos perspectives de développement ?

Concernant EDImessage, nous avons un potentiel de développement sur l’activité assurance de personnes avec de fortes demandes et des besoins de normes EDI côté courtage, notamment sur le volet du suivi des commissions. Toutefois, les assureurs ne sont pas les mêmes qu’en IARD et ils utilisent des systèmes informatiques plus complexes qui nécessitent des investissements importants.

Nous avions également ouvert en septembre 2019 la plateforme aux courtiers grossistes, mais la crise du coronavirus a stoppé notre élan. Nous réfléchissons donc à de nouvelles solutions d’animation (notamment en “one to one”) pour qu’ils puissent d’une part bénéficier du volet assureurs et d’autre part le volet intermédiaires sur la plateforme.

Quels sont les autres projets de votre roadmap à 3 ans ?

Concernant la solution EDIsignature lancée en 2018 qui offre un système de signature électronique sécurisé à ses utilisateurs, nous sommes en phase de croissance et de déploiement. Nous comptons une dizaine d’assureurs partenaires, dont HDI Global SE qui vient de nous rejoindre aux côtés d’une soixantaine de courtiers. La crise sanitaire à accéléré l’intérêt des courtiers pour cet outil et nous nous attendons à un fort développement pour 2021/2022. En parallèle, plusieurs nouveautés et améliorations seront accessibles d’ici les prochains mois (marques blanche, coassurance, etc).

Sur la solution EDIconformité lancée il y a quelques mois, nous entrons dans le vif du sujet. Après plusieurs phases de test, nous avons initié le 10 juin dernier une solution pilote auprès de 75 courtiers et 6 assureurs (nos quatre actionnaires Axa, Allianz, Generali, MMA Iard accompagnés de Groupama et d’AIG) afin de faciliter la saisie et la collecte de leurs données de conformité en toute sécurité.

Cet outil s’adresse cette fois à l’ensemble des intermédiaires d’assurance au sens de l’Orias (mandataires d’intermédiaires, agents généraux…) mais également aux gestionnaires pour compte, ainsi qu’aux courtiers étrangers qui travaillent avec des porteurs de risques français, ou encore aux acteurs des territoires ultra-marins enregistrés au Rias. Notre objectif est de généraliser cette solution pour septembre auprès des courtiers délégataires français enregistrés à l’ORIAS dans un premier temps, certains assureurs comptant sur cet outil pour mener leur campagne de conformité auprès de leurs intermédiaires pour 2020.

Que pensez-vous du sujet ?