La complémentaire santé un marché encore rentable

    Si la crise économique se fait sentir dans l’assurance, le marché de la complémentaire santé est encore, relativement, épargné, avec une progression de 3,17 % en 2011. Et comme il génère de la croissance, il est très concurrentiel.  Pour appâter le chaland, les opérateurs se livrent une véritable guerre .

    Depuis dix ans, le marché de l’assurance santé a été pris d’assaut par les assureurs comme un BHV le serait un premier jour de soldes. En cause : sa bonne rentabilité. Il est l’un des seuls secteurs de l’assurance à générer de la croissance. Petit bémol tout de même, s’il a été un véritable Eldorado pour les acteurs du secteur, il est en passe, aujourd’hui, de devenir beaucoup moins attractif dans les années à venir. Pour l’instant, dans un contexte économique chaotique, le marché de la complémentaire santé est en progression. Une faible progression, certes, mais une progression tout de même.  Le chiffre d’affaires a atteint 30,6Mds d’euros en progression de 3,17 %. Cependant, la lettre du Fonds de financement de la CMU a noté un ralentissement du chiffre d’affaires 2011 des organismes complémentaires de santé (mutuelle, assureur et institution de prévoyance). En 2010, le chiffre d’affaires des organismes de complémentaire santé était en progression de 4,2 % et de 5,8 % en 2009. Si les bénéfices tendent à être freinés ( notamment à cause de l’application de la Taxe spéciale sur les conventions d’assurance (Tsca) aux contrats responsables (de 3,5 %) au 1er janvier 2001), le marché reste attractif et peut rapporter gros.

    L’individuel en meilleure forme que le collectif

    Qu’elle soit collective ou individuelle, l’assurance santé, est encore rentable.  « C’est un marché qui est en croissance tous les ans, depuis dix ans, alors forcément, ça attire », souligne Pierre François, directeur général de SwissLife Prévoyance et Santé. Pour Michel Collombet, associé Eurogroup Consulting, « Il y a un fort engouement pour la santé parce que les autres branches de l’assurance ne paient plus. Depuis quelques années la complémentaire santé est « la nouvelle frontière » des acteurs de l’assurance. Face à un marché de l’assurance automobile atone, un secteur de l’assurance vie en décollette, un segment MRH poussif, la branche santé fait figure de nouvel eldorado. Mais pour combien de temps ? Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel ! ».

    Une des raisons de la relative bonne tenue du marché de la complémentaire santé s’explique par l’évolution démographique. La population française augmente. De fait, le nombre des individus ayant besoin d’être couverts par une complémentaire, aussi. A noter que le marché de l’individuel se porte mieux que celui du collectif, tout simplement, car il y a en moyenne 700.000 retraités de plus chaque année et ces 700.000 non actifs sortent de leur contrat collectif pour se couvrir en individuel.

    Mais le marché va être progressivement terni par un facteur économique majeur : le désengagement progressif de la sécurité Sociale. Selon la Dress, En 2011, les remboursements de la Sécu représentaient 75,5 % des dépenses de santé, en recul de 0,2 point par rapport à 2010. Un déclin compensé par l’intervention croissante des complémentaires, dont les dépenses ont atteint 26Mds d’euros l’année dernière. Elles ont ainsi assumé 13,7 % des dépenses médicales, soit une hausse de 0,2 points.
    « De fait, explique Xavier Toulon fondateur de Merypta et auteur de « Complémentaires, il va falloir assurer ! », les assureurs sont amenés à augmenter leurs cotisations et, résultat, les gens descendent leur niveau de couverture. Et en assurance santé plus vous descendez en gamme plus les grosses dépenses sont mal couvertes ». Conséquence de la hausse des cotisations : 7% des Français n’ont pas de complémentaires santé, et, selon certaines études, 29% des Français qui ont souscrit une complémentaire renoncent à des soins.

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