Dossier : Regroupement des mutuelles, une stratégie pour se garantir un avenir ?

    Depuis plusieurs années, les mutuelles tendent à se rapprocher pour être plus compétitives et pour réduire, pour certaines, leurs frais de gestion. Avec les risques de marché, comme la complémentaire généralisée aux salariés, cette stratégie de mutualisation de moyens s’est accélérée. 

    Union, fusion, rapprochement, alliance… Les alternatives juridiques de rapprochement sont multiples pour permettre aux mutuelles de mutualiser leurs moyens en vue d’un changement de marché important. Avec le risque que représentait l’ANI, chaque mutuelle cherche à mutualiser ses moyens pour pouvoir être compétitive et aussi pour ne pas perdre une trop grande partie de son portefeuille. Pour autant, toutes ne sont pas pour cette stratégie. A L’ADPM (association, diversité et proximité mutualiste), par exemple, Jean-Louis Span, son président, n’encourage pas ce genre de démarche. A contrario Philippe Mixe, président de la Fédération nationale indépendante des mutuelles (Fnim) explique “qu’indépendance n’est pas synonyme d’isolement“. A certaines conditions tout de même. “Il est tout à fait concevable que des mutuelles choisissent de s’adosser et de trouver un partenariat avec une structure extérieure, plus importante, mais à la condition expresse que ce partenariat autorise l’indépendance et l’autonomie de la structure mutualiste”.

    L’ANI amplifie le phénomène de regroupement

    Aujourd’hui, rares sont les mutuelles qui sont vraiment seules. Marie-Laure Dreyfuss, directeur de mission, responsable du pôle Gouvernance et Contrôle Interne chez Actuaris, “L’ANI accélère les regroupements mais il y en avait déjà beaucoup. Il existe plusieurs formes de regroupements, de la fusion avec les transferts de portefeuilles ou du simple GIE permettant une mutualisation de moyens. Les mutuelles ont su se servir de ces supports juridiques qui favorisent l’échange et le rapprochement”. 

    Par ailleurs, comme le Conseil Constitutionnel a jugé “disproportionnée” l’atteinte portée “à la liberté d’entreprendre et à la liberté contractuelle” et a déclaré contraire à la Constitution les mécanismes de désignation pour les complémentaires santé, on peut s’attendre à ce que l’agitation et l’affolement des mutuelles va se calmer et donc que certaines reverront sans doute leur stratégie de rapprochement.

    “Les mutuelles affolées par l’ANI ont cherché à s’abriter derrière des partenaires sociaux pour pouvoir récupérer les miettes et assurer leur survie. Certaines n’essayaient pas de combattre. Pour des raisons qui ne sont pas toujours objectivées, on a tendance à penser dans le business que “big is beautiful””, explique Olivier Arroua, associé du cabinet Selenis. Reste à savoir si les démarches de rapprochement engagées ces dernières semaines vont porter leurs fruits ou si certaines mutuelles vont faire machine arrière.

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